La Chanson du Père Duchesne apparaît comme un anonyme en 1892. Ravachol la chantait en montant sur la guillotine le 11 juillet 1892 dans la prison de Montbrison. L’exécution interrompit Ravachol à la fin de l’avant-dernier couplet : « fout l’bon dieu dans l a merde ! »
On y retrouve, à travers la référence au Père Duchesne et à Marat, les revendications sociales des Enragés et des Bras-nus de la Première Révolution Française. Les travailleurs qui se dressent contre la société de classes y désignent encore leurs ennemis, voués à la lanterne, sous les seules figures traditionnelles du propriétaire et du prêtre.
Le Père Duchesne
1892
Né en nonante-deux.
Nom de Dieu !
Mon nom est Pèr’ Duchesne.
Marat fut un soyeux,
Nom de Dieu !
A qui lui porte haine,
Sang-Dieu !
Je veux parler sans gêne
Nom de Dieu !
Je veux parler sans gêne !
Coquins, flioux, peureux
Nom de Dieu !
Vous m’appelez canaille.
Dès que j’ouvre les yeux !
Nom de Dieu !
Jusqu’au soir je travaille.
Nom de Dieu !
Et je couch’ sur la paille
Nom de Dieu !
Et je couch’ sur la paille !
On nous promet les cieux.
Nom de Dieu !
Pour toute récompense.
Tandis que ces messieurs.
Nom de Dieu !
S’arrondissent la panse,
Sang-Dieu !
Nous crevons d’abstinence
Nom de Dieu !
Nous crevons d’abstinence !
Pour mériter les cieux,
Nom de Dieu !
Voyez-vous ces bougresses.
Au curé le moins vieux.
Nom de Dieu !
S’en aller à confesse
Nom de Dieu !
Se faire peloter les fesses,
Nom de Dieu !
Se faire peloter les fesses !
Quand ils t’appellent gueux,
Nom de Dieu !
Sus à leur équipage !
Un pied sur le moyeu.
Nom de Dieu !
Pour venger cet outrage,
Sang-Dieu !
Crache-leur au visage.
Nom de Dieu !
Crache-leur au visage !
Si tu veux être heureux.
Nom de Dieu !
Pends ton propriétaire,
Coup’ les curés en deux,
Nom de Dieu !
Fouts les églises par terre,
Sang-Dieu !
Et l’bon Dieu dans la merde,
Nom de Dieu !
Et l’bon Dieu dans la merde !
Peuple trop oublieux.
Nom de Dieu !
Si jamais tu te lèves.
Ne sois pas généreux,
Nom de Dieu !
Patrons, bourgeois et prêtres,
Sang-Dieu !
Méritent la lanterne,
Nom de Dieu !
Méritent la lanterne
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