EQUATEUR : « mais qui finance le mouvement indigène? »

Il y en a qui rêvent de monstres:
« mais qui finance le mouvement indigène? »

Au cours des 11 jours de la grève nationale, s’est développé l’imaginaire d’une grève qui était financée d’abord par les partisans de Correa (ex président Equatorien, grand ami de Mélenchon et en fuite pour échapper aux poursuites suite à des sandales de corruption), puis ensuite par Maduro, le président Vénézuélien … il semble que les médias avaient un scénario assez clair : maintenir Lénine Moreno au pouvoir et construire les éléments nécessaires pour convaincre le peuple qu’une tentative de coup d’État était en cours.

La question qui brulait les lèvres était donc « Mais qui a financé le mouvement indigène pendant ces onze jours ? »

La réponse c’est elle. Oui, elle, Doña Carmita, la couturière de la côte de La Gasca, qui a financé le mouvement indigène. Sans réseau, sans préparation formelle en politique, elle a réuni la famille pour préparer des sandwichs, car elle sait que ses frères du Cotopaxi sont au centre ville et qu’ils doivent avoir faim. Ils doivent avoir froid aussi, c’est pourquoi elle a apportée sa couverture la plus chaude, les chaussures renforcées du fils, ceux qui ont une semelle solide pour pouvoir marcher. Et aussi quelques bandelettes de tissu coupé pour les imbiber d’eau bicarbonatée, afin que le gaz lacrymogène ne puisse pas leur nuire.

Parmi les financiers ont compte aussi les familles de Guayllabamba qui ont réuni les communautés pour rassembler les meilleurs aquacates (avocats), car la nourriture est plus savoureuse si on y rajoute de l’aquacate dans le locro (ragout de maïs andin), mais aussi des quintaux de concombres pour la salade, et d’oignon pour la soupe de fideo et d’eau pour ne pas avoir soif.

Et les étudiants de Tena qui ont collecté des médicaments, parce qu’il y avait un manque de paracétamol et de pansements … alors ils sont arrivés avec une camionnette des bandages, du coton, du ruban adhésif.

les quartiers de Toctiuco, La Comuna, Las Casas ont également financé. De là, les familles sont descendues pour cuisiner, pour que jamais ne manquent le riz et les caldito bouillants, elles sont venues avec leurs planches à découper et leurs couteaux les plus affutés pour préparer la meilleure viande hachée.

Voilà le monstre dont rêve Lénine Moreno, une ville qui s’est élevée pour soutenir la grève nationale. Ce monstre c’est le voisin qui a pris le balai pour nettoyer, ce monstre c’est le coiffeur, le maçon, la couturière, la corporation des boulangers qui n’a jamais cessé de faire du pain, des centaines de caisses de pains de toutes sortes, des injertos (« greffés »), des mestizos (« métis »), des manitas (« petites mains »), des empanadas …

Ce monstre s’est réveillé Monsieur Moreno et il est votre cauchemar. « 

Par: Milena Almeida

Original en espagnol : http://cnt-ait.info/2019/10/16/finance-es

Traduction en anglais : http://cnt-ait.info/2019/10/16/finance-en

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