CHELO, UNE VIE DE LUTTE POUR LA LIBERTE, LE RESPECT ET LA DIGNITE

Consuelo Rodríguez López, Chelo dans le maquis gallicien, nous a quitté le 18 juillet dernier, à quelques mois de célébrer son centenaire, et alors que nous apprêtions à commémorer le 83ème anniversaire de la Révolution espagnole.

Chelo était l’ultime combattante de la Fédération des Guérilla de León et de Galice. Elle prit part activement aux combats dès la création du groupe, dans l’immédiat après-guerre civile.

Elle n’avait pas d’autre choix. Née dans une famille aisée de Soulecín, à El Barco de Valdeorras, elle à peine 20 ans quand les Légionnaires fascistes assassinent ses deux parents sous ses yeux. « Lorsque je me suis approché, la seule chose que j’ai vue était une flaque de sang », se souvient Chelo. « Je sais qu’ils sont morts enlacés. »

Ses parents avaient refusé de balancer aux fascistes la planque de leur fils ainé, qui avaient déserté l’armée franquiste pour rejoindre le camp républicain. Ses quatre frères s’enfuirent dans la montagne, où ils tomberont au combat contre les forces fascistes de Franco entre 1941 et 1949.

Dépossédées de tous leurs biens par les fascistes, emprisonnées à de multiples reprises, elle et sa sœur Antonia sont agents de liaison pour la guérilla antifasciste. Quand elles virent que leur vie était en danger, elles s’enfuirent à leur tour dans la montagne, pour y rejoindre « la ville de la jungle » de la Serra do Eixo (Carballeda de Valdeorras), où se trouvait le camp de base de la guérilla.

En 1946, son compagnon le guérillero Arcadio Ríos tombe dans une embuscade. Chelo passa alors trois années dans la clandestinité, hébergée par des soutiens à Orense et El Bierzo, avant de se réfugier en France, de l’autre côté de la frontière, en 1949. Elle se maria avec le guérillero asturien Marino Montes, père de ses deux fils. La famille vécut dans différents endroits, connaissant les vie difficile des réfugiés, « sans papiers » de l »époque, avant de s’installer dans l’Ile de Ré, avec Antonia (décédée en 2012) et son mari le guérillero César Ríos, le frère de Arcadio.

Dans un interview donné en 2007, Consuelo disait qu’elle se souvenait « d’une lutte très belle, car ils avaient tous beaucoup de volonté ».

Chelo a combattu toute sa vie l’injustice et la barbarie, sans prétendre à l’héroïsme dont elle a pourtant su faire preuve constamment. Elle est un exemple de courage et de force, et nous inspire pour nos combats présents et futurs.

Nous adressons notre sincère sympathie à sa famille, à ses amis, et à tous les révolutionnaires qui ont perdu une lutteuse infatigable.

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Une vie sans sens.

Et oui nous nous retrouvons orphelins même si nous avons réécrit l’histoire falsifiée par le fascisme. La société enferme et conditionne nos libertés pour le pouvoir de la force, de la toute-puissance de l’argent et ou du pouvoir, en passant par les religions qui nous ont amené à cette société absurde et dénué de sens.

Ma mère qui toute sa vie a lutté pour la liberté, le respect et la dignité s’est éteinte hier matin.

Que dire de plus dans un monde ou la conscience s’éteint ou l’individualisme passe avant l’intérêt collectif.

Tous ces gens qui ont donné tous ce qu’ils avaient y compris leurs vies pour que nous n’ayons plus faim que nous puissions avoir un logement une vie digne de ce nom.

Nous serons toujours là à porter avec fierté le partage, la connaissance, les sacrifices qui nous ont laissé presque un siècle de répit.

Face à un capitalisme qui est en train de nous bouffer tout cru, la seule réponse ne peut être que la riposte.
Faisons comme eux, ne nous laissons pas bouffer comme des moutons qu’on amène à l’abattoir.

Elle a vue comment la légion est venu un matin du 18 octobre 1939 sortir toutes les personnes de son village, rentrer chez elle en frappant sa mère et torturant ses parents pour leurs faire avouer ou était leurs enfants déserteurs de l’armée fasciste et, après avoir la bénédiction du curé, les assassiner à la sortie de son village.

Depuis elle avait pris les armes pour ne pas mourir sans sourciller et ne plus se laisser faire.
La guérilla était dure, bon nombre de ses compagnons perdirent leurs vies dans le climat de ces montagnes enneigées, ces rivières en crues à traverser de nuit encordés les uns aux autres – quand ils avaient des cordes.

De 1939 à 1949, 10 ans sans répit, la Fédération des Guérillas de Leon Galicia comptait à peu près 200 guérilleros. Mais ceux qui les poursuivaient étaient 2000, il fallait résister bien souvent. Peu survécurent.

Arrivé en l’exil en France en 1949, les problèmes ne faisaient que continuer. Bien souvent refoulés à la frontière et remis entre les mains des fascistes pour se faire assassiner, ou de nombreuses années de labeurs d’esclaves défrichant les champs à main nues, et le soir tremper ses mains et pieds piqués par les ronces et les orties.

Rester bon nombre d’années sans papiers pour travailler, sans compter des chambres de bonne pour se loger, sans toilettes ni eau.

Gros bisous maman c’est fini tu es rentrée dans l’histoire.

Georges MONTES

Les soeurs Antonia et Chelo Rodríguez, avec leurs maris César Ríos (à droite) y Mariano Montes (à gauche) à París.

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