IL N’Y A PAS DE PETITE EXPLOITATION, IL N’Y A PAS DE PETITES LUTTES …

Si tout le monde s’accorde pour critiquer les multinationales qui exploitent les travailleurs, grugent les consommateurs et pillent la planète, par contre les petites entreprises sont rarement critiquées. Au mieux, on préfère passer sous silence ce sujet. Or les patrons des petites entreprises sont souvent largement aussi exploiteurs et intolérants que ceux des grandes. C’est juste qu’ils ont moins de moyen.

 Mais un petit capitaliste – même en esprit – est une personne qui cherche à accumuler plus de richesses et est contre le partage égalitaire. Souvenons-nous de l’assiette au beurre, des commerçants d’autrefois qui ne faisaient aucun cadeau aux pauvres et qui voulaient rouler carrosse en vendant quelques boutons de culotte par jour. Souvenons-nous comment travailleurs n’ont aucune protection chez les petits capitalistes.

Regardez le niveau de vie de beaucoup de ces petits capitalistes, leur maison, leur voitures. Pourtant ils n’ont pas reçu de CICE du tout ! Un patron est toujours un patron. Entendez les se plaindre, dire qu’ils travaillent à perte ! Ils ont donc beaucoup a perdre ? Pourquoi ils n’arrêtent pas tout de suite alors ! Et quand vous osez vous révolter contre ces petits patrons, ils n’hésitent pas à utiliser les mêmes menaces – licenciement, harcèlement – que les Grandes entreprises.

Un exemple nous est donné par une lutte que mènent actuellement nos compagnons de Solidarity Federation, la section de l’AIT en Grande Bretagne.

 John, un ancien salarié d’un coiffeur de Brighton, CJ Barbers, dans le Sud de la Grande-Bretagne. John était au chômage depuis longtemps et cherchait un travail désespérément. Il voulait trouver un travail stable dans le secteur de la coiffure mais n’avait pas les moyens de se payer une formation, donc il coupait les cheveux gratuitement des SDF dans les rues de Brighton. C’était bien pour les SDF et cela lui permettait de se faire la main. C’est alors qu’il a été approché par le gérant de CJ Barbers qui lui proposait de lui offrir une formation d’apprenti de deux mois – pendant laquelle il ne serait pas payé – puis de l’embaucher officiellement comme salarié à temps plein. Cet arrangement est bien entendu illégal, mais c’est une pratique courante, et puis John voulait avoir un travail, et donc il a naïvement accepté la proposition.

Rapidement, John s’est rendu compte qu’il y avait quelque chose qui clochait : il ne reçut pas vraiment de formation, mais devait surtout exécuter les tâches les plus ingrates comme constamment nettoyer le salon, ou encore s’occuper de réserver les hôtels et les avions pour les vacances du patron. Mais il s’est accroché avec l’espoir qu’avec le temps il aurait une formation et un vrai travail.

Au bout de deux mois, il a approché son patron pour lui demander quand il serait payé. Ce dernier a répondu qu’il était très content du travail de John, et qu’il recevrai un chèque d’ici 15 jours. Quand il reçut son chèque de 110 Euros, John fut déçu et informa le patron qu’il ne pouvait plus se permettre de rester dans ces conditions. Il demanda une lettre de recommandation pour lui permettre de trouver un travail dans un autre salon, après tout le patron n’avait-il pas dit qu’il était satisfait de son travail ? Mais le patron refusa.

John découvrit par la suite que le patron lui avait menti en lui disant qu’il n’avait pas le niveau suffisant pour couper les cheveux. Après avoir discuté avec d’autres coiffeurs de la ville, il découvrit que c’était un mensonge classique, utilisé pour retenir les jeunes naïfs et éviter qu’ils ne partent exercer leur talent ailleurs.

John eu alors l’idée de contacter les anarchosyndicalistes de Solfed-AIT. Ils discutèrent avec John de sa situation, et de ce qu’il souhaitait faire contre ce patron qui lui avait volé son salaire pendant la période de 2 mois et demi, soit plus de 3100 Euros. (2800 Livres) !

Avec Solfed-AIT, ils commencèrent par constituer un dossier, pour prouver que John avait travaillé dans ce salon pendant la période considérée. Puis ils adressèrent des lettres recommandées au patron pour lui demander de payer à John ce qu’il lui devait, en lui proposant même de le rencontrer pour en discuter.

Au lieu de répondre, le patron se mit à utiliser des tactiques agressives et mêmes illégales. Il menaça SolFed d’envoyer la photo de John à tous les coiffeurs de la région, pour qu’il ne puisse jamais retrouver du travail. Il le menaça de lancer une campagne sur internet qui l’accuserait d’être un prédateur sexuel, pour ruiner sa réputation. Il jura de retrouver l’adresse de John et de lui faire la peau …

John et les compagnons de SolFed-AIT n’ont pas été intimidés pour autant et on décidé de tenir un piquet d’information devant la boutique, pour informer les clients et les passants des pratiques détestable de ce petit patron.

Bien entendu, ces piquets ne sont pas du goût du patron : il a pris les participants en photo, en menaçant de les publier sur internet. Il a aussi appelé la police à de nombreuses reprises, pour essayer de faire arrêter les compagnons.

Le 20 juin dernier, le patron de CJ Barber est sorti de ses gonds, et a même agressé les participants au piquet, à coup de chaise. Le patron a choisi l’escalade de l’intimidation plutôt que de payer ce qu’il doit à John.

Mais cela n’impressionne pas John ni les compagnons, qui savent que la solidarité des travailleurs est plus forte que les patrons. Ils continuent donc de tenir le piquet chaque Samedi, jusqu’à ce que John soit payé. Cela a obligé le patron à fermer son salon pendant le piquet, c’est-à-dire pendant les heures d’affluences où il fait sa meilleure recette …

Aujourd’hui pour John la raison de cette campagne n’est pas simplement d’obtenir l’argent qui lui est dû. C’est une question de dignité, pour lui, pour tous ceux qui naïvement se font avoir par ces « apprentissages » factices et abusifs. SolFed-AIT a fourni le réseau de soutien et les informations nécessaires pour lancer une campagne plus vaste contre ces pratiques. Bien que CJ Barbers soit l’un des pires patrons, ils ne sont pas les seuls et nos compagnons souhaitent utiliser cette campagne publique comme tremplin pour lancer une action plus vaste visant à mettre un terme à ces pratiques douteuses dans l’ensemble de l’industrie de la coiffure. Un petit pas dans la lutte permanente pour un traitement plus juste de tous les travailleurs dans tous les métiers.

Cette affaire montre que les petits patrons n’ont souvent rien à envier aux grands capitalistes.

Il n’y a pas de petite exploitation,

Il n’y a pas de petite lutte.

Si vous voulez exprimer votre solidarité :

– Rejoignez le piquet si vous vous avez la chance de vous rendre à Brighton

– Donner votre avis (en attribuant une étoile) sur leur site de notation Google (chercher « CJ Barbers brighton »), auquel le patron tient comme à la prunelle de ses yeux …

Initiative CNT-AIT Redon (35) et Paris

@chats.noirs.turbulents

contact (at) cnt-ait.info

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